19 février 2019

Argent et environnement : et si on arrêtait de les opposer constamment ?

Cet article bout depuis un moment dans ma tête. Et si j’y entre par mon point de vue de blogueuse, la question du rapport entre argent et environnement est bien plus large, et pas nouvelle.

En 2012, Jean-Marc Jancovici écrivait dans Décisions Durables : « … il est pourtant impératif que ce mariage de l’environnement et des affaires ait lieu. (…) tant que nous souhaiterons vivre dans un système qui ménage les libertés (la démocratie), il y aura dans le lot la liberté d’entreprendre, et donc des sociétés privées qui doivent réaliser des bénéfices. (…) Réconcilier business et environnement est donc plus qu’un luxe : c’est la condition de la pérennité de la démocratie. »

Voilà voilà. Donc à moins d’instaurer un régime autoritaire voire une dictature verte qui organise la gestion des ressources, le travail et la redistribution équitable des revenus… Il va falloir admettre que tout le monde (y compris les personnes engagées pour des causes diverses) a besoin de gagner de l’argent pour vivre.

Mais d’abord, revenons aux racines du tabou.

L’argent, le sujet qui met tout le monde mal à l’aise

Parler argent n’est jamais facile. Surtout en France où tout le monde rêve d’en avoir – mais personne n’ose (se) l’avouer.

J’en entends au fond qui disent : « Ah non, pas moi ». Limite si on ne rajoute pas : « Je suis au-dessus de ça. »

Et tant pis si l’argent est le moyen d’échange qu’on a retenu, et qui nous permet de manger, se loger, prendre soin de soi et des siens, lancer des projets parfois incroyables… On préfère faire semblant de ne pas y toucher.

Bien sûr, il n’y a pas que l’argent qui permet tout ça. Mais associer systématiquement l’argent à l’avidité et à la superficialité, quand on sait qu’il est nécessaire à la satisfaction de nos besoins essentiels, ça me fait sourire.

argent et écologie
(Photo : Pxhere)

L’argent, le cauchemar de l’entrepreneur·e écolo

Mon expérience de « blogueuse green » m’a permis d’expérimenter l’extrême difficulté de concilier argent et environnement.

Pourquoi une personne qui consacre jusqu’à un mi-temps hebdomadaire à son blog a-t-elle tant de difficultés à être rémunérée ?

Parce que la blogueuse écolo cumule sans le savoir 3 tares : blogueur, écolo et femme. Trois raisons de ne JAMAIS demander d’argent. Pourquoi ?

  1. Parce que bloguer est une passion. Les artistes, les sportif·ves, les viticulteur·trices, etc. ont le droit de vivre de leur passion, mais les blogueur·ses, non. Soyons raisonnables : travail = souffrance. Tu n’es donc pas censé pouvoir t’éclater.
  2. Parce qu’être écolo est un engagement. On le fait pour défendre des valeurs, pour la beauté du geste, certainement pas pour l’argent. D’ailleurs, quand on paie son loyer en valeurs, le/la propriétaire est généralement très content.
  3. Parce que les femmes qui s’affirment et osent prendre leur place dans le monde ont forcément les dents qui rayent le parquet. Elles feraient mieux de retourner le cirer, tiens.

Et si la blogueuse écolo est un cas d’école, tous les entrepreneur·es engagé·es le savent : mêler cause environnementale/sociale et affaires n’est pas une mince affaire.

gagner de l'argent environnement
(Photo : Pxhere)

Argent et environnement : quand les critiques sentent la jalousie

Être un acteur économique ET éthique, c’est difficile, surtout au début. Et puis au milieu. Et puis à la fin.

Parce que si ça se met à marcher un peu trop bien et à vous rapporter de l’argent, c’est que avez trahi vos valeurs, forcément.

En France, on ne supporte pas le succès. Qu’il soit monétaire, d’estime, ou les deux. Si vous êtes un·e enfoiré·e, vous avez encore une chance d’en faire rêver quelques-uns… Mais si vous avez le malheur de prôner des valeurs, le couperet tombe. Mensonge. Hypocrisie. Greenwashing.

Indéniablement, le greenwashing existe. Je suis la première à le traquer. Mais quand on dénonce des mensonges, c’est mieux d’avoir des arguments… Ça me fait penser à deux exemples qui m’ont interpellée ces derniers mois : Pierre Rabhi et Faguo.

Pierre Rabhi, trop riche pour être honnête

Pierre Rabhi (Wikimedia Commons)

Je ne suis pas une inconditionnelle de Pierre Rabhi : son discours sur la sobriété heureuse est inspirant, mais de toutes les « icônes » écolos, ce n’est pas la personnalité qui me touche le plus. (Notamment parce qu’il tient des propos assez réacs sur la famille…)

Quand « Le système Pierre Rabhi » est sorti dans le Monde Diplomatique, je me suis ruée dessus. Pour une fois qu’il y avait un autre son de cloche sur Pierre Rabhi, j’avais envie de savoir ce que le journaliste avait à dire. Et vu la longueur de l’enquête, ça promettait d’être super détaillé.

Pourtant, cette lecture m’a mise extrêmement mal à l’aise. Le journaliste avance beaucoup de soupçons, mais pas tellement de preuves. Les gens l’adulent ? Aux dernières nouvelles, ce n’est pas un crime. Le papier pointe des zones troubles… Mais on attend toujours la lumière dessus. Peut-être que Jean-Baptiste Malet a raison, mais ce n’est pas dans son enquête qu’il le prouve.

Dans une interview sur France Inter (ci-dessus), le journaliste aborde les revenus de Pierre Rabhi, soi-disant en contradiction avec le modèle de sobriété qu’il défend. Or ces revenus sont largement surestimés. Après vérification (Pierre Rabhi a donné ses 5 dernières feuilles d’imposition), on arrive à 3 500 € par mois… Pour deux. Lui et sa femme. Pardon, mais elle est où, l’indécence ?

Dans le fond, ce n’est pas Pierre Rabhi le sujet. C’est la crispation, dès que quelqu’un défend publiquement des valeurs. Et la rapidité avec laquelle on vient lui chercher des poux, quand on laisse tous ceux qui ne s’engagent pas tranquilles.

Comme si gagner de l’argent t’interdisait d’avoir une éthique.

Faguo, trop de succès pour être vraiment engagé

Un autre exemple que j’ai envie d’évoquer, c’est Faguo. Vous savez, la marque qui plante un arbre pour chaque paire de chaussures / vêtement / accessoire acheté ?

faguo marque engagée
Boutique Faguo

Pour cette entreprise, on a d’un côté les groupies, de l’autre ceux·celles qui les accusent de greenwashing. Faguo, ils posent problème à deux niveaux :

  • D’une, ils ont pris un engagement (planter un arbre à chaque achat). Donc ils doivent forcément être parfaits sur tous les plans, sinon ce sont des menteurs.
  • De deux, ils ont beaucoup de succès, et donc de l’argent. Or, qui dit argent dit malhonnête, corrompu, dévoyé : par définition, ils ne peuvent pas être sincères. Peu importe qu’ils aient créé plus de 50 emplois directs (ce n’est pas ça qu’on veut en ce moment, de l’emploi ?) et planté plus d’un million d’arbres en France. Ce n’est jamais assez.

Encore une fois, le sujet n’est pas vraiment Faguo (que je n’aime ni plus ni moins qu’une autre marque). C’est plutôt de pointer les préjugés qu’on a sur une entreprise populaire, juste parce qu’elle est populaire.

Combien de personnes ai-je entendu dire « De toute façon Faguo c’est du greenwashing ! » alors qu’elles ne s’étaient jamais renseignées sur leurs engagements réels ? Oui, il y a sans doute plein de marques qui vont plus loin dans leur démarche. Ça ne veut pas dire que c’est une entreprise fondée par deux capitalistes qui roulent en 4×4 pendant qu’on se saigne pour acheter des baskets éthiques.

Remarquez ce genre de raisonnement affecte aussi les artistes : si ça a du succès, ça devient trop commercial, c’était mieux avant… Oui, peut-être que l’argent transforme les gens, sûrement qu’il en corrompt certains. Mais il transforme aussi notre façon d’interpréter leurs actes.

Et si on arrêtait d’opposer argent et environnement ?

S’il y a d’un côté les valeurs, et de l’autre la thune, ça veut dire quoi de la société dans laquelle on vit, dans laquelle on souhaite vivre ?

  • Qu’on ne peut gagner de l’argent qu’en détruisant les ressources et en exploitant les autres ?
  • Que ceux qui veulent construire une activité professionnelle en accord avec leurs valeurs doivent se contenter de la gloire et du RSA ?

Rappel : en soi, l’argent est neutre. Ce n’est qu’un flux, un moyen pour échanger des biens ou des services. Ce qui n’est pas neutre, c’est ce qu’on fait de cet argent, et comment on le répartit dans la société. Je pose donc la question : comment est-ce qu’on répartit l’argent dans la société ?

  • Est-ce qu’on laisse ceux·celles qui travaillent avec passion et sincérité se rémunérer correctement et même confortablement quand leur situation le permet ?
  • Ou est-ce qu’on continue de jalouser et déprécier ceux qui réussissent, en refusant de voir que ces critiques reflètent surtout notre propre rapport problématique à l’argent ?

Se réjouir du succès d’un projet ou d’une entreprise n’empêche pas la lucidité ni l’esprit critique. Ça n’oblige pas à verser dans l’admiration béate de quelques personnalités, ni à prétendre qu’ils·elles sont parfait·es.

Mais n’est-il pas plus logique de donner de l’argent à ceux·celles qui travaillent dans le respect de l’environnement et des gens, plutôt qu’à ceux·celles qui pillent et détruisent les ressources ? De se réjouir du succès économique d’acteur·trices vertueux·ses, qui enclenchent une transformation profonde, plutôt que de les accuser de trahison et de cupidité ?

Parce qu’en fait, ça me préoccupe, ce réflexe de condamner quiconque gagne de l’argent en faisant les choses bien. Je voulais vous le dire.

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29 Commentaires
  1. Marion

    Bonjour, merci pour cet article. Je ne pense pas que la perception que les gens ont de l’argent est le problème de l’argent. Si l’argent n’est en réalité qu’un langage permettant d’échanger des ressources et des prestations, le système actuel est clairement établi: pour être riche, c’est qu’on s’est nécessairement enrichi sur le travail d’un autre (le temps de quelqu’un d’autre). Le principe des marges consécutives, loin d’être une réalité matérielle mais une réalité capitalistique, permet à certaines personnes de confisquer de l’argent collectif. A mon sens, une relation saine avec l’argent n’est pas de ne pas en avoir mais de le partager sans jamais capitaliser, seul l’tat devrait pouvoir capitaliser. Ainsi, un patron doit partager ses bénéficies, son statut n’est que le fruit de la société et non de lui-même comme il est souvent faussement prétendu. Aucun patron ne fonctionnerait tout seul, aucune richesse humaine qu’elle soit monétaire ou d’une autre nature n’a été conçue sans le travail de centaine d’être humain. Le self made man est une invention du système établi qui fait perdurer la culture de caste inconsciente et invisible aux regards non avertis. C’est pourquoi avoir de l’argent a mauvaise presse et c’est une réalité palpable à chaque instant. Egalement, si l’environnement s’oppose à l’argent c’est que de nos jours nombreux domaine sont développé par les investisseurs qu’ils soient privés ou publics, ce sont bien eux qui créent des ressources grâce à leur capital. A savoir qu’une partie de ces capitaux sont issus des caisses de pension, il s’agit donc bien de l’argent du peuple. Le problème des capitaux et de leur croissance induite par un système qui ne fonctionne que si la croissance est de mise, c’est qu’ils sont destinés à être valorisés. Cette destination rend toute pratique des investisseurs faussée perdant le bon sens, la cohérence du bien collectif. Aucune action menée par des capitaux dont on attend une valorisation ne peut être bénéfique pour l’environnement voir même pour la société, en effet quand le numérique monétaire conduit les projets et qu’il n’a pas le seul but une rationalisation mais bien une valorisation, le résultat des projets seront évidemment erronés, ils auront remplis la condition de la valorisation monétaire mais pas nécessairement la valorisation des biens collectifs.
    Un entrepreneur écolo, pour moi ce sont deux mots qui ne vont pas ensemble. L’entrepreneur est soumis au marché et au système, notre système actuel est anti environnemental de par son fonctionnement et ses buts, il gérera le capital dans le système admis et subira quel que soit son degré de foi en l’écologie les mêmes affres que n’importe quel subordonné.
    Il n’y a ni éthique, ni écologie dans le système capitaliste, c’est un système numérique qui ne prend pas en compte d’autre valeur.
    Si vous souhaitez réconcilier économie et écologie et bien c’est vite vu, il va falloir changer de système et accepter que la croissance n’est pas un luxe mais une pauvreté de la civilisation humaine actuelle.

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  2. Vermersch

    Très intéressant

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  3. Camille

    Waouh, merci merci merci!!!
    Je viens d’en faire l’amer expérience en postant un sondage sur les réseaux sociaux afin de connaitre les attentes et besoins des gens dans le but d’orienter ma futur activité. Je n’ai eu que des retours méchants disant que c’est encore pour de l’argent. Bon alors oui mon questionnaire n’était pas parfait.. mais quel manque de bienveillance dans ce monde!
    Je fais actuellement un 180° dans ma vie professionnelle afin de gagner ma vie en faisant quelque chose de bien pour la planète à mon échelle (chaque pas compte, pensez au colibri!)
    En tout cas ça remonte le moral de savoir que d’autres partagent le même point de vue. Merci encore, ça rebooste.

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  4. caroline

    Quel article déculpabilisant et vrai.

    Qu’il est difficile de changer déjà ses habitudes de vie, et d’en arriver à vouloir changer son travail, ou créer son travail, pour utiliser son précieux temps de vie dans une activité non abrutissante, en lien avec nos valeurs, qui nous enrichisse bien + humainement souvent que financièrement.

    Et pourtant, que de critiques, de reproches et de jugements, malgré souvent de petits revenus et des heures de travail gratuit invisible pour donner vie et faire durer, comme si la seule valeur travail qui mérite d’être rémunérée ne pouvait être rattachée à nos valeurs, comme si l’argent était sale et incompatible avec une mode de vie durable et éco-responsable.

    Rien de dure avec le bénévolat, rien ne dure si c’est un frein à assumer des frais fixes réguliers, et il y a toute une économie à créer autour de métiers « verts » pour enfin remplacer une société qui ne fonctionne que pour l’argent, par une société qui fonctionne, avec de l’argent, pour l’équilibre de tous.

    Merci pour cet article indispensable

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    • Anaelle

      Bien sûr ! Et ça passe par un positionnement ferme. Courage !

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  5. Elodie Fost

    Bonjour, je découvre juste ton blog et j’aime vraiment beaucoup je dois dire !
    Un article qui fait réfléchir (je trouve). Malheuresement les préjugés ont la vie dur.

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  6. Manon Woodstock

    Hallelujah !!!!!!!!! (Ça va, j’ai mis assez de points d’interrogation ? On vit que je suis euphorique ? ). J’ai justement rédigé un article du même style lundi…parce que j’en ai ma claque d’être jugée, de me faire accuser de greenwashing, de demander « bien trop cher », alors que je blogue déjà gratos des dizaines d’heures par semaine et que j’en suis juste au questionnaire pour définir les contours de ma future activité…ça m’a usée !!! Alors merci, ton article est juste d’utilité publique.
    Ce que je trouve le plus dingue, c’est qu’une énorme partie de toute cette communauté prône un monde meilleur où les gens sont bien rémunérés, font ce qu’ils aiment et montent un autre projet de société, mais dès que tu veux te lancer et que tu demandes de l’argent, tu te fais caillasser de tous les côtés Incohérence totale bonjour !
    Vive l’argent au service d’un monde meilleur !
    Passe un très bon weekend !

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    • Anaelle

      Je partage totalement ton avis, merci Manon ! 🙂

      Réponse
  7. Stéphane Jarry

    Merci pour cet article et ta manière décomplexée de parler pognon ! Je pense comprendre ton agacement, et je suis souvent interloqué par ces logiques de pensées simplistes et il est vrai encore trop souvent répandues :

    – Argent et réussite égal forcément magouille, corruption
    – La défense de l’environnement et des valeurs morales = laissons ça aux utopistes, aux bénévoles, et puis ça n’est pas avec ça qu’on gagne sa vie (le fameux : arrête de rêver et get a real job !)

    Il me semble d’ailleurs que ces logiques sont souvent intériorisées de longue date et acceptées de façon plus ou moins inconsciente par un certain nombre de gens. Je les vois un peu comme des idées larvées encore trop rarement débattues et remises en question.

    C’est donc très rafraîchissant de lire un article qui détricote avec pertinence ces logiques, à l’heure où il devient plus qu’urgent de changer certaines mentalités.

    Il est des métiers extrêmement bien rémunérés mais où l’on peine parfois à y trouver un intérêt social ou éthique. A côté, combien d’initiatives et d’heures de travail peu ou pas rémunérées du tout qui mériteraient de l’être pour les valeurs qu’elles portent ?

    C’est vrai que c’est regrettable… et très agaçant !

    Et puis, c’est sûr : il est grand temps de dé-diaboliser l’argent. Celui-ci n’a rien de mauvais en soi. Ce qu’on en fait, par contre, peut être jugé bon ou mauvais. En soi, l’argent ne fait pas le bonheur non plus, mais bon, quand même, je pense que dans notre système économique, il peut y contribuer ! Sinon, bien sûr, il faudrait changement de système. Je serais curieux de voir comment l’instauration d’un salaire universel modifierait notre rapport à l’argent.

    De fait, aujourd’hui, beaucoup se trouvent pris à la gorge par la nécessité de gagner de quoi vivre grâce à un emploi dans lequel on ne s’épanouit pas. Et que reste-t-il comme temps et comme énergie pour s’investir dans des causes et des projets qui nous tiennent à cœur ? Trop peu, bien souvent. Pourtant, c’est le sentiment d’accomplir quelque chose de bien, et pas seulement le pouvoir d’achat, qui contribue à nous rendre heureux !

    Voilà une vérité qui passe trop souvent au second plan dans la tête des élèves (Je suis prof en lycée professionnel) : beaucoup sont d’abord préoccupés par l’argent qu’ils vont gagner. Ce qu’ils veulent vraiment accomplir dans leur vie est une question qui passe après alors qu’elle est en fait la plus importante ! Sans doute cette logique vient-elle aussi de leurs parents qui pensent que l’argent doit être la priorité absolue pour assurer leur avenir. On pense d’abord naturellement au matériel, la quête du bonheur viendra ensuite.

    C’est donc tout une tradition de pensée qu’il serait bon de renverser. Entre ceux qui sont aveuglés par l’argent et ceux qui le rejettent en l’associant nécessairement au mal, peut-être alors faudrait-il apprendre à lui accorder un peu moins d’importance… (bon, je dis ça, mais je suis bien conscient moi-même de lui accorder trop d’importance dans ma vie 🙂

    Mais je m’égare ! Merci pour ton article, en tous cas. Au plaisir de te lire.

    Stéphane

    Réponse
    • Anaelle

      Merci pour ton partage, Stéphane ! Je suis vraiment d’accord avec toi sur toute la ligne. C’est pas évident de prôner un rapport apaisé à l’argent dans ces conditions, mais c’est nécessaire 🙂

      Réponse
  8. Laure

    Super article, merci Anaelle ! Je vais même le garder de côté pour mes clients… le rapport à l’argent est souvent bien compliqué en France.
    Ce sont souvent les personnes qui font des choses avec passion qui ont honte de gagner de l’argent (et donc ont beaucoup de mal à se mettre en avant) alors qu’à côté de beaux parleurs (qui ne connaissent pas leur sujet et s’en foute en fait) n’ont aucun souci avec ça et font de la m… et gagne plein d’argent.
    Alors que je suis tout à fait pour que quelqu’un qui aime son métier et le fasse avec respect et valeur gagne bien voire très bien sa vie. C’est à mes yeux tout à fait normal.
    Le monde marche à l’envers en fait !

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  9. Sonia

    Je rajouterai un commentaire à Flo
    Nous devons cesser de chercher à produire toujours plus ( halte à la croissance ) et revoir comment produire en préservant l’environnement, c’est un changement de système qu’il faut car nous voyons aujourd’hui les dégâts sur l’environnement ( climat, pollution…etc). Il faut comprendre qu’un réchauffement de 1.5°C est énorme même si le chiffre est petit, ça peut vraiment bouleverser la vie sur Terre mais il est encore temps d’agir vite, il y a des solutions souvent méconnues ( alimentation principalement végétale avec très peu de viande, alimentation bio et locale, énergies renouvelables,sobriété énergétique, déplacements  » propres », protection des forêts, réduction du gaspillage alimentaire …etc ).

    Réponse
  10. Marie Leloup

    Très bon article. Ma tentative de contribution sera la suivante. C’est peut-être dur à admettre pour tout le monde et ça semble peu éthique : l’écologie est un business. Entre le green washing largement abusé pas des grosses boites polluantes et les vieilles conceptions que l’écologie doit être soit politique soit une œuvre de générosité désintéressée pour les générations futures, je comprends l’ambiguïté des réactions, qui sont davantage de la confusion que de la jalouse. Il ne te reste qu’a assumer pleinement de faire du business vert. D’en définir les codes et les limites et den faire une force. Tu perdras des lecteurs et tu en gagneras d’autres. Il n’y a aucun choix qui ne soit pas politique. Et aucune décision qui ne comporte de compromis. A choisir lesquels. Certains roulent en vélo, d’autres arrêtent la viande, d’autres fond des blogs… est-ce que tout cela à un sens et une efficacité? Aucune idée.

    Réponse
  11. Cecile

    « En fait, on ne doit rien à personne. Même Mère Teresa herself ne devait rien à personne. Je parle de qui je veux, et la petite phrase culpabilisante en fin de mail me fait envoyer celui-ci directement à la corbeille. »

    Magique, excellent et bourrée de talent ! Bravo !

    Réponse
  12. Hélène

    Merci pour cet article plein de vérités (qui dérangent ;-)?)

    Réponse
  13. Flo

    Salut Anaelle,

    J’aime beaucoup ton blog, mais j’avoue être un peu dubitatif sur cet article : j’ai l’impression que le débat sur notre rapport à l’argent n’est pas le vrai enjeux. L’idée que dans la culture latine « l’argent = corruption » et dans les pays influencés par le protestantisme « argent = travail », nous avons toujours entendu cela.

    L’enjeu, il me semble, mais je ne veux rien affirmer trop fort (surtout dans une période où tout parait indécis) c’est davantage notre rapport entre environnement et capitalisme = peut on allier croissance et environnement ? Et là on en revient à toutes les questions que posent des gens comme Bihouix, Servigne, Mignerot, Pitron…
    Du coup, déso, mais je vais faire de la pub pour nos articles sur Far Ouest avec ces personnalités :
    Servigne : https://www.revue-farouest.fr/videos/pablo-servigne-x-camille-choplin-libre-echange/
    Bihouix : https://www.revue-farouest.fr/low-techs-futur-simpe/
    Pitron : https://www.revue-farouest.fr/les-riches-jouissent-les-pauvres-creusent-metaux-rares-pitron/
    Mignerot : https://www.revue-farouest.fr/vincent-mignerot-pas-de-sauvetage-de-lenvironnement/

    Avoir honte (ou assumer) de gagner de l’argent, dans un business dit écolo ou pas écolo, cela nous fera une belle jambe quand notre mode de production et notre système économique se seront effondrés et que le climat déréglé nous aura mis une très très grosse fessée.

    Voilà je me suis plombé le moral tout seul comme un grand en écrivant cela !

    Bises

    Flo

    Réponse
    • Anaelle

      Hello Flo, je comprends tout à fait ton point de vue.
      Je me suis fait la même réflexion en lisant Jancovici : ce raisonnement n’est valable que dans une société capitaliste. Mais pour l’instant on y est encore…

      Pour la suite, je ne crois pas plus que toi à la fable de la « croissance verte » : croire qu’on peut remplacer tout ce qu’on consomme par des alternatives bio/durable/éthique/etc. c’est au mieux de la naïveté, au pire de la bêtise. Le souci est aussi et surtout dans nos modes de vie et les valeurs qu’il reflète. Mais comment est-ce qu’on agit sur les valeurs d’une société à sa petite échelle ? Là je sèche encore. Mais j’y réfléchis tous les jours 🙂

      Réponse
  14. Sonia

    On vit dans un système économique absurde partout les combustibles fossiles et la pollution sont fortement subventionnés. Ayons les yeux ouverts car c’est pourtant la réalité.
    Pour déterminer le véritable prix des biens et services, il faudrait inclure les dégâts futurs et les coûts.
    Bravo Anaëlle pour ton engagement !

    Réponse
  15. cécilia lecoq

    Effectivement et le pire c’est envers nous-même!! combien de beaux projets ont périclités à force d’être éthique coûte que coûte, penser que « communication » c’est forcément un méchant loup.
    C’est bien dommage car effectivement on ne paye pas son loyer en stats de blog et qu’au delà d’avoir le simple droit de « gagner sa vie »; beaucoup devraient en effet soutenir les belles entreprises éthiques.
    Bravo et merci d’en parler!

    Réponse
  16. Marie

    Bravo !!!!
    Éclairant et engagée !

    Réponse
  17. Lucie

    Cet article est tellement de choses !
    Tellement juste
    Tellement bien écrit
    Tellement sincère
    Tellement criant de vérité
    Il est aussi dans l’air du temps et révélateur de la pensée française.
    Merci pour ce texte, j’espère qu’il tournera sur internet, qu’il fera parler de lui et qu’il permettra aux femmes qui se reconnaissent de questionner leur rapport à l’argent. Car même toi et moi qui n’avons pas honte de dire vouloir gagner de l’argent avec nos blog « green », on est loin d’être aussi décomplexées qu’on pourrait l’être. L’ancrage de « l’argent c’est sale » dans nos esprits français est difficile à combattre.
    Merci pour ces prises de conscience !

    Réponse
    • Anaelle

      Merci ma Lucie ❤ Je l’ai écrit dans un moment de détermination, en prévision des moments où elle faiblit. Et je croise fort les doigts pour que ce billet aide d’autres personnes !

      Réponse
  18. Sophie

    Belle mise au point. Décidément, tu sais mettre le doigt là où ça fait mal 🙂

    Réponse
    • Anaelle

      Erf oui, c’est une vilaine manie chez moi

      Réponse
  19. Lilou

    Super article, merci ! En tant que femme illustratrice, donc qui vit de sa passion, et depuis peu de temps blogueuse, ton article me fait bien réfléchir !!!

    Réponse
    • Anaelle

      Super, je suis contente 🙂

      Réponse
  20. Nina

    Merci Anaelle pour cet article, merci de mettre des mots sur ce que nous sommes tant à penser ! C’est vraiment très français cette relation grotesque avec l’argent, alors merci de contribuer à cette évolution des pensées en plantant cette graine là <3

    Réponse
    • Anaelle

      Et merci à toi de m’écouter déblatérer là-dessus en buvant des cafés 😉

      Réponse
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